Historiens et romanciers. Vies réelles, vies rêvées / Livres
Historiens et romanciers. Vies réelles, vies rêvées est le n° 767 de la revue Critique, éditée en avril 2011 aux éditions de Minuit. On a l'habitude de considérer qu'entre Histoire et Littérature, le divorce est prononcé depuis le XIXe siècle. C'est contre les belles lettres que l'Histoire s'est constituée en discipline. Quant à la littérature contemporaine, elle donne souvent l'impression de se détourner du monde et encore plus de l'Histoire.
Et pourtant... Jamais peut-être le roman n'a autant louché vers l'Histoire : via l'inusable roman historique, mais aussi sous la forme plus originale des mises en fiction de vies réelles. Blanche Cerquiglini, à partir de Jean Echenoz et Mathias Enard, pose la question : pourquoi toutes ces « vies rêvées » ?
Les historiens, de leur côté, sont nombreux à revenir vers la littérature. Vincent Debaene, jeune « littéraire » installé au carrefour de la littérature, de l'anthropologie et de l'histoire (il a coordonné l'édition des OEuvres de Claude Lévi-Strauss dans la « Bibliothèque de la Pléiade ») analyse un livre important de Dinah Ribard et Judith Lyon-Caen, ainsi qu'une livraison récente des Annales sur histoire et littérature.
Ce chassé-croisé fait revenir des questions que ni la littérature ni l'histoire ne devraient évacuer : celle de la vérité, celle de la « valeur ». La vérité n'est pas seulement affaire d'historiens : c'est le souci central d'un romancier comme Stendhal. Si la littérature « en sait long sur l'homme », comme disait Barthes, ce n'est pas ce savoir qui la constitue : impossible pour elle d'éluder la question de la « valeur ». Le dernier texte de Barthes porte sur Stendhal et sur le rapport entre Roman et Histoire. La parution en poche du Journal de Stendhal permet à Philippe Roger, spécialiste de Barthes et épris de Stendhal, de revenir sur cette ultime confrontation.
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